Colloque
National
« Usages &
Représentations de l’Internet au Maroc »
Organisé par le
Département de Philosophie, Sociologie et Psychologie, Faculté des Lettres et
des Sciences Humaines de Mohammedia, 26 et 27 octobre 2016.
Appel à
communications
Depuis quelques années, l’Internet, comme outil de communication
et d’interaction entre les individus, les groupes et les organisations, ne
cesse de prendre de l’ampleur dans la société marocaine. Selon les résultats de
la dernière « Enquête sur l’accès et l’usage des TIC par les Ménages et les
Individus au Maroc »[1], plus de la moitié
des ménages marocains (52,5%) est équipée d’un ordinateur et/ou d’une tablette,
soit environ 3,8 millions de ménages. Tandis que la majorité des individus
(94,1%) est équipée d’un téléphone mobile. Par ailleurs, il s’avère que 50,4%
des foyers marocains ont accès à Internet à domicile via la technologie mobile
(45,6% par téléphone ou modem) ou fixe (14,5% par ADSL). Les résultats de cette
enquête semblent indiquer que le cyberespace est en passe de devenir un lieu
aussi essentiel à la vie quotidienne et relationnelle des familles marocaines
que la mosquée ou le hammam. Il apparait en effet que plus de la moitié des
internautes (56,7%) se connectent tous les jours, à partir de leur domicile (73,7%),
pour une durée pouvant aller de 15 mn à plus de 4 heures, et que les types de
contenu les plus utilisés sont les réseaux sociaux (84,4%) et les sites de
messagerie instantanée (52,8%).
Si les résultats de cette enquête
nationale permettent de mesurer les évolutions positives de l’équipement des
ménages et des individus marocains en outils de télécommunications, et s’ils
révèlent la prégnance et l’ampleur des pratiques de l’Internet dans leur vie quotidienne,
ils ne permettent pas de rendre compte des particularités des appropriations et
pratiques de l’Internet chez les Marocains. En effet, les principaux indicateurs
utilisés par l’ANRT sont les caractéristiques sociodémographiques classiques
qui permettent de distinguer des taux différenciés en termes d’équipement et
d’utilisation des différents outils de communication médiatisée selon le lieu
de résidence (urbain/rural), le type d’habitat (villa/maison marocain/…),
l’âge, le sexe, etc.
Aussi l’objectif principal de ce
colloque est d’étudier les représentations que se font les Marocains
d’Internet, ainsi que les formes et modalités particulières d’appropriation et
d’usage de cet outil de communication et d’information. Des approches
qualitatives pluridisciplinaires permettraient de rendre compte de la pluralité
des pratiques virtuelles, ainsi que de la complexité des représentations
collectives d’Internet que l’approche statistique tend à camoufler. L’objectif
est donc de privilégier des études qualitatives portant sur les discours et les
pratiques quotidiennes de catégories sociales précises et ciblées de manière à
restaurer l’hétérogénéité là où les chiffres imposent une certaine homogénéité,
mais aussi à donner la parole à des catégories sociales peu étudiées au Maroc,
dans ce champ de recherche qu’est devenu l’Internet.
Les propositions de communication
peuvent s’inscrire dans les trois axes suivants qui restent ouverts à
développement.
Axe
1 : L’Internet comme espace public alternatif des communautés minorisées
Dans nombre de pays occidentaux,
l’Internet permet la prise de parole de catégories stigmatisées ou rejetées
socialement et leur procurent un espace de reconstruction du soi et de
restauration du lien social. Qu’en est-il au Maroc pour des groupes d’individus
frappés de l’anathème social tels que les irréligieux, les homosexuels ou les
personnes atteintes de maladies incurables telles que le sida ? Comment
s’approprient-ils le cyberespace comme espace d’organisation de leur communauté
et de structuration de leur parole, comme lieu d’affirmation de leur identité
et espace de revendication d’une certaine reconnaissance sociale ? Bien
peu d’études ont été jusqu’ici effectuées au Maroc sur la question de
l’Internet comme espace d’expression des catégories les plus stigmatisées
socialement[2].
L’objectif de cet axe est donc d’essayer de mieux connaître et comprendre les
usages et représentations d’Internet chez ces groupes et individus qui
recourent au cyberespace comme espace public alternatif et lieu de restauration
du lien social.
Axe
2 : L’Internet comme espace de « militantisme numérique »[3]
Depuis le « Printemps
arabe », l’intérêt anthropologique d’Internet et sa qualité de puissant
outil d’expression et de mobilisation politique ont été largement reconnus par
la plupart des observateurs du Monde Arabe qui ont adjoint le cyberespace à
leurs terrains d’observation classiques[4]. Toutefois, prendre cette
période comme point de départ du militantisme numérique, c’est se limiter aux
usages politiques d’Internet et ignorer tous les usages qui ont pu en être
faits bien avant 2011, comme espace de revendication et de mobilisation sociale,
par des collectifs militant pour différentes causes, telles que les droits des
femmes, des enfants, des handicapés, des bidonvillois, des amazighs, des
étudiants, etc. Cet axe est donc ouvert aux études portant sur des communautés
ou sites communautaires dont les pratiques virtuelles se déploient sur le mode
du militantisme numérique.
Axe
3 : Représentations et usages de l’Internet chez les parents et enfants
La simplification du
fonctionnement des outils de connexion permet l’accès à l’espace des
communications virtuelles d’enfants de plus en plus jeunes, mais aussi de
parents peu ou pas scolarisés. La généralisation croissante des usages
domestiques d’Internet permet d’augurer que cet outil va de plus en plus jouer
un rôle important dans la socialisation des jeunes marocains. Mais que sait-on
des images qu’en ont les parents et leurs enfants ? Quelles sont leurs
attentes de cet outil au moment de la prise de décision de l’introduire au
domicile familial ? Et quels sont les usages, collectifs et individuels,
qu’on en fait au quotidien au sein des familles ?
Modalités
de participation
- Les propositions de participation au colloque sont à présenter sous format Word. Elles consistent en un résumé de 2500 signes environ, avec indication du titre de la communication, du nom et coordonnées de l’auteur(e), et précision de l’axe dans lequel elles s’inscrivent.
- Un fiche de participation au colloque est disponible ici : https://docs.google.com/document/d/1ABhI1aVQakhwE-URnK10zKTnS12FFvYMTYoR7IFNy88/edit?usp=sharing
- Les communications dureront 20 minutes environ et les textes attendus ne dépasseront pas 20 pages. Les communications comme les textes peuvent être en français ou en arabe.
Calendrier
- Envoi des propositions de communication au plus tard le samedi 30 janvier 2016, à Souad Azizi (souad_azizi@hotmail.com) et Abdelkrim SAA (departementphilosociopsycho@gmail.com).
- Sélection des propositions de participation par le comité d’organisation en février 2016.
- Une confirmation sera adressée aux participants retenus avant le lundi 29 février 2016.
- Envoi des textes des communications au plus tard le lundi 03 octobre 2016, à Souad Azizi (souad_azizi@hotmail.com) et Abdelkrim SAA (departementphilosociopsycho@gmail.com).
Dates du colloque : Mercredi 26 et Jeudi
27 octobre 2016, de 8h30 à 18h.
Lieu du colloque : Faculté des Lettres et des
Sciences Humaines de Mohammedia.
Comité scientifique
- Rachida NAFAÂ (Géographe, Doyenne de la FLSH de Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca),
- Kamal MELLAKH (sociologue, FLSH de Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca),
- Souad AZIZI (ethnologue, FLSH de Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca),
- Abdelkrim SAA (ethnologue, Chef du Département de Philosophie, Sociologie et Psychologie, FLSH de Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca).
Comité d’organisation
Rachida NAFAÂ (Géographe, Doyenne de la FLSH de Mohammedia), Kamal
MELLAKH (sociologue, FLSH de Mohammedia), Souad AZIZI (ethnologue, FLSH de
Mohammedia), Abdelkrim SAA (ethnologue, Chef du Département de Philosophie,
Sociologie et Psychologie, FLSH de Mohammedia), Thami EL OUAZZANI (Vice Doyen
chargé de la Recherche scientifique), Souad CHERRADI (Responsable du service
« Recherche scientifique, formation continue et relations
extérieures », FLSH de Mohammedia).
Contacts
Souad AZIZI (souad_azizi@hotmail.com)
Abdelkrim SAA (departementphilosociopsycho@gmail.com)
[1] ANRT, 2015, « Enquête sur
l’accès et l’usage des TIC par les Ménages et les Individus au Maroc en
2014 » Synthèse des résultats, 23 p. Disponible sur :
http://www.anrt.ma/sites/default/files/Enquete_TIC_2014-synthese_fr.pdf,
(consulté le 21/07/2015).
[2] McGUINNESS Justin, 2012,
« Représentation et résistance sur mithly.net : analyse du
discours d’un site communautaire marocain », p. 117-141, in NAJAR
Sihem (dir.), Les nouvelles sociabilités du Net en Méditerranée,
Éditions Karthala et IRMC.
[3] GRANJON Fabien, 2001, L’Internet
militant : Mouvement social et usage des réseaux télématiques,
Rennes : Éditions Apogée.
[4] LECOMTE Romain, 2011,
« Révolution tunisienne et Internet : le rôle des médias
sociaux », L’Année du Maghreb, vol. VII, p. 389-418. NAJAR Sihem
(dir.), 2013, Le cyberactivisme au Maghreb et dans le Monde Arabe,
Paris : Éditions Karthala.